Pene Pati et Il Pomo d’Oro au Festival de Menton : un « Silenzio Cantatore » entre tradition et intimité

07 Aout 2025

Le ténor samoan Pene Pati, qui avait conquis le public monégasque dans La Damnation de Faust en 2023, est depuis salué sur les plus grandes scènes internationales. Après des débuts très remarqués au Metropolitan Opera dans Rigoletto, et des critiques dithyrambiques pour son interprétation de Rodolfo dans La Bohème au Royal Opera House de Londres, son récital à Menton était très attendu.

Pourtant, ce programme intitulé Silenzio Cantatore — qui promettait un voyage lyrique au cœur des mélodies napolitaines — a laissé une impression plus mitigée, voire déroutante, chez une partie du public

Dès les premières mesures, le choix esthétique de Pene Pati s’impose : tout est chanté en demi teinte dans un registre mezzo voce, souvent proche du sotto voce. Le timbre reste lumineux, la ligne vocale élégante, la diction soignée, mais l’intensité dramatique que l’on associe volontiers à ce répertoire napolitain — vibrant, populaire, solaire — se trouve contenue, voire délibérément étouffée.

Le titre du programme, Silenzio Cantatore, en donne peut-être la clé : il s’agit sans doute d’un exercice de style intérieur, d’un travail sur la retenue et l’intimité, bien loin des effets de démonstration vocale auxquels les grands airs napolitains sont souvent associés. Une démarche personnelle, presque introspective, où le silence devient aussi expressif que le chant.

Ce choix — assumé et cohérent — a dérouté une partie du public, attentif mais frustré, notamment dans les pièces attendues comme ’O Sole Mio ou Torna a Surriento, souvent perçues comme des moments d’envol lyrique. L’absence de contrastes dynamiques et la continuité du ton murmuré ont donné au programme un certain monochrome expressif.

Reste que Pene Pati, en refusant les codes attendus du récital napolitain " à l’ancienne " signe un geste artistique singulier, plus proche d’un lied méditatif que d’une démonstration vocale. Il invite à une écoute plus intérieure, plus fine — qui ne fait pas l’unanimité, mais mérite le respect.

On saluera également l’excellence de l’Ensemble Il Pomo d’Oro, complice attentif et raffiné, qui accompagnait Pene Pati avec une élégance jamais démonstrative. Leur jeu sur instruments anciens apportait une palette sonore délicatement colorée, entre clarté baroque et chaleur méridionale.

Mention particulière au mandoliniste, véritable partenaire de scène, dont les interventions précises et sensibles formaient parfois un véritable dialogue intime avec la voix du ténor — écho instrumental à ce Silenzio cantatore que le programme plaçait au cœur de l’interprétation.

Une soirée singulière donc, plus chambriste que spectaculaire, où la relecture d’un répertoire populaire par la finesse du geste aura suscité autant de curiosité que de débat.

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